Perspectives d’investissements en Indonésie : entre attractivité économique et défis sécuritaires

Par Risk & Ops | 5 septembre 2025 | Actualités

L’Indonésie occupe une position géographique stratégique à la croisée les océans Indien et Pacifique. Sa stabilité politique, l’évolution de son cadre réglementaire et judiciaire et le poids démographique d’une population jeune renforcent progressivement son attractivité pour les investisseurs étrangers.

L’Indonésie, occupe une position géographique stratégique à la croisée les océans Indien et Pacifique. Sa stabilité politique, l’évolution de son cadre réglementaire et judiciaire et le poids démographique d’une population jeune renforcent progressivement son attractivité pour les investisseurs étrangers.

En 2024, l’ancien général et ministre de la Défense Prabowo Subianto a été élu président, remportant plus de 58 % des suffrages. Dans la continuité de son prédécesseur Joko Widodo, il poursuit une politique d’ouverture économique. Son programme met l’accent sur l’accélération du développement des Zones économiques spéciales (SEZ), qui ont déjà contribué de manière significative à l’économie nationale. Selon la communication officielle du cabinet, durant le troisième trimestre 2024, les ZES ont attiré des investissements d’une valeur de 242,5 billions de roupies (soit près de 14 milliards d’euros). La création de zones économiques spéciales (SEZ) — notamment à Bali et Bitung — constitue une étape stratégique pour promouvoir les investissements dans les secteurs du tourisme, de l’immobilier et de la santé, grâce à la mise en place d’exonérations fiscales.

Le programe accorde également une place centrale à la modernisation des forces armées, inscrite dans le renforcement du pilier sécurité-défense, offrant ainsi de nouvelles opportunités de coopération avec les partenaires internationaux. Cependant, ce système connaît des limites. La participation étrangère est limitée à 49 % dans des secteurs jugés stratégiques, comme l’agriculture et les transports, sauf en cas d’exceptions accordées par le gouvernement indonésien. Enfin, si les entreprises étrangères peuvent investir leur capital dans des projets en Indonésie, elles doivent généralement y contribuer par le biais d’une société à responsabilité limitée de droit local (Perseroan Terbatas ou PT).

Cette stratégie s’inscrit dans un contexte géopolitique régional tendu. Depuis près d’une décennie, la militarisation croissante de la Chine et ses revendications en mer de Chine méridionale, particulièrement autour des îles Natuna, sont perçues comme des menaces directes à sa souveraineté.

Par ailleurs, la montée des exercices militaires de l’Armée populaire de libération à proximité de Taïwan renforce les préoccupations sécuritaires régionales. Face à cette militarisation accrue, le partenariat de sécurité trilatéral entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, AUKUS, vise à « promouvoir un Indopacifique libre et ouvert, sécurisé et stable ». Malgré ces défis, l’Indonésie continue de bénéficier d’une stabilité politique lui permettant de s’affirmer sur la scène internationale. Elle joue un rôle croissant au sein des blocs de coopération économique régionaux tels que l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et l’Indo-Pacific Economic Framework (IPEF), ce qui lui permet de diversifier ses partenariats et d’affirmer sa posture diplomatique indépendante. En 2025, le pays rejoint BRICS+, ce qui lui offre la possibilité de renforcer sa coopération économique avec les grandes économies émergentes, de diversifier ses partenariats commerciaux et d’attirer davantage d’investissements étrangers. Il reste à déterminer si cette adhésion entraînera un changement de politique diplomatique.

Avec une population active de plus de 142 millions de personnes, selon les données de la Banque mondiale, l’Indonésie mise sur son avantage démographique pour attirer les IDE. Malgré une fuite relative des talents vers des marchés plus attractifs, le gouvernement renforce activement son système éducatif afin de professionnaliser une jeunesse nombreuse et, créant ainsi un vivier croissant de compétences adaptées aux besoins des investisseurs. Le pays bénéficie aussi d’un cadre règlementaire en amélioration. Adoptée en 2020, la loi omnibus indonésienne sur la création d’emplois vise à stimuler l’emploi ainsi que les investissements étrangers et nationaux en simplifiant les procédures réglementaires liées aux permis d’exploitation et à l’acquisition foncière. Selon le Département d’État américain, cette loi ouvre davantage de secteurs stratégiques comme l’industrie manufacturière, la R&D, l’économie numérique, les services de construction, les énergies vertes et les projets miniers. Elle prévoit aussi une baisse progressive de l’impôt sur les sociétés et une rationalisation des règles commerciales. Les projets d’investissement sont examinés et approuvés par la BKPM, l’Agence nationale de coordination des investissements.

L’Indonésie affiche des indicateurs économiques encourageants, soutenus par une croissance de 5,05 % en 2024, selon le FMI. Sa diversité géographique contribue à sa richesse minière, demeurant un atout économique considérable. En 2022, l’Indonésie représentait 48 % de la production mondiale de nickel, intensifiant la concurrence régionale, notamment avec la Nouvelle-Calédonie. Il convient toutefois de souligner un fort engagement militant en faveur de la cause écologique en Indonésie. Le groupe Greenpeace allie actions symboliques et procédures judiciaires pour s’opposer à la déforestation destinée à la production d’huile de palme ainsi qu’à la multiplication de licences d’exploitations minières.

En 2024, les capitaux étrangers représentaient 1,7 % du PIB indonésien, un niveau comparable à celui observé en France et aux Etats-Unis, selon la Banque mondiale. Les capitaux asiatiques y demeurent prédominants : Singapour mène largement avec près de 4,6 milliards de dollars, suivi par Hong Kong (2,2 milliards). La Chine, la Malaisie et le Japon complètent le top 5 des principaux investisseurs, d’après l’Agence nationale de coordination des investissements (BKPM). L’arrivée de Pradowo Subianto à la tête de l’État, a contribué à stimuler l’intérêt des entreprises étrangères pour l’Indonésie. Cependant, après un renforcement des capitaux étrangers lors du premier trimestre de 2025, comme l’indique le média Asean Briefing, notamment stimulés par les domaines de la métallurgie, des minerais et de l’automobile, le deuxième trimestre a été marqué par un recul de 6,95 % des IDE par rapport à l’année précédente, rapporte Reuters. Cette baisse s’explique en partie par l’annonce de l’instauration de droits de douane s’élevant à 19 % sur les importations américaines provenant de l’Indonésie. La concurrence entre les pays d’Asie du Sud-Est pour attirer les investissements a également contribué à cette situation. Toutefois, on observe une augmentation d’importations de biens d’équipements et selon le ministre de l'Investissement, Rosan Roeslani, cela « signifie que le développement de nouvelles usines en Indonésie » est en cours.

Le secteur automobile reste l’un des principaux piliers de l’économie indonésienne et présente de nombreuses opportunités d’investissement. Porté par une main d’œuvre s’élevant à plus de 1,3 millions d’ouvriers qualifiés, le pays offre la possibilité d’y développer de nouvelles usines. Celles-ci sont spécialisées dans la production et l’assemblage, la production de composants et l’exportation des marchandises. En 2022, plus d’un million de véhicules ont été produits dans le pays, constituant ainsi une hausse considérable par rapport aux années précédentes. Le gouvernement indonésien a annoncé en début d’année sa volonté de soutenir la production de voitures électriques, offrant ainsi de nouvelles opportunités pour les entreprises spécialisées. Le pays bénéficie également de coûts de production compétitifs pour la production de pneumatiques et des équipements automobiles. Certains acteurs français, comme Michelin et Valeo, sont actifs dans le pays depuis plusieurs années. Ce marché reste toutefois soumis à une forte concurrence internationale. En septembre 2024, le groupe chinois Sailun a inauguré sa nouvelle usine, faisant suite à l’annonce, en mars, d’un investissement initial de 250 millions de dollars. De manière générale, les investissements étrangers dans ce secteur restent largement dominés par le Japon et sa marque Toyota, à hauteur de 90 % en 2022 selon Business Indonesia. Depuis 2017, la Corée du Sud y développe également de nouvelles usines LG et Hyundai, destinées à la production de batteries pour les véhicules électriques, comptabilisant ainsi près de 3 milliards de dollars d’investissements dans ce domaine, selon Reuters.

Invitée d’honneur au défilé du 14 juillet à Paris, l’armée indonésienne bénéficie, depuis 2020, d’une politique active de modernisation qui attire l’attention géopolitique et économique de la France. Pour 2025, l’État prévoit un budget de défense de 10,6 milliards de dollars, en hausse constante ces dernières années. Le gouvernement s’est fixé pour objectif de porter les dépenses de défense à 1,5 % du PIB d’ici 2030. Jakarta procède à la modernisation des équipements, comme les avions, les drones et les sous-marins, donnant lieu à des contrats avec des partenaires internationaux. Entre 2021 et 2023, l’Indonésie a acheté 42 avions Rafale à Dassault, pour une somme de 8,1 milliards d’euros. L’armée a également fait

En 2024, les capitaux étrangers représentaient 1,7 % du PIB indonésien, un niveau comparable à celui observé en France et aux Etats-Unis, selon la Banque mondiale. Les capitaux asiatiques y demeurent prédominants : Singapour mène largement avec près de 4,6 milliards de dollars, suivi par Hong Kong (2,2 milliards). La Chine, la Malaisie et le Japon complètent le top 5 des principaux investisseurs, d’après l’Agence nationale de coordination des investissements (BKPM). L’arrivée de Pradowo Subianto à la tête de l’État, a contribué à stimuler l’intérêt des entreprises étrangères pour l’Indonésie. Cependant, après un renforcement des capitaux étrangers lors du premier trimestre de 2025, comme l’indique le média Asean Briefing, notamment stimulés par les domaines de la métallurgie, des minerais et de l’automobile, le deuxième trimestre a été marqué par un recul de 6,95 % des IDE par rapport à l’année précédente, rapporte Reuters. Cette baisse s’explique en partie par l’annonce de l’instauration de droits de douane s’élevant à 19 % sur les importations américaines provenant de l’Indonésie. La concurrence entre les pays d’Asie du Sud-Est pour attirer les investissements a également contribué à cette situation. Toutefois, on observe une augmentation d’importations de biens d’équipements et selon le ministre de l'Investissement, Rosan Roeslani, cela « signifie que le développement de nouvelles usines en Indonésie » est en cours.

Au-delà des risques environnementaux, l’Indonésie reste également confrontée à des défis sécuritaires internes. Le pays a été frappé par plusieurs vagues d’attentats islamistes à la fin des années 2010, notamment en Papouasie et à Sulawesi. Si aucun attentat n’a été recensé depuis décembre 2022, les services de sécurité indiquent que les réseaux terroristes demeurent actifs dans la clandestinité.

En raison de sa proximité avec les détroits stratégiques de Malacca et de Lombok, l’archipel est également exposé aux risques de piraterie. Le Bureau maritime international souligne que, si les actes de piraterie ont reculé en 2024, les prises d’otages tendent à se multiplier. L’organisation note par ailleurs un déplacement progressif de ces activités illicites depuis les côtes africaines vers l’Asie du Sud-Est, renforçant ainsi la vulnérabilité de l’Indonésie. Afin de répondre à ces risques, des initiatives de coopération internationale se développement. La France est par exemple un partenaire stratégique de la Marine indonésienne, à travers plusieurs projets conjoints visant à renforcer la sécurité régionale.

Outre les enjeux sécuritaires, l’Indonésie fait face à plusieurs défis socio-politiques. En 2020, la population s’est mobilisée contre la loi omnibus sur la création d’emplois pour protéger les droits des travailleurs face aux investisseurs étrangers, ce qui a conduit à des adaptations législatives. Au sein de l’archipel, le taux de syndicalisation s’élève 11 %, soit un niveau comparable à celui de la France, bien qu’aucune grève générale n’ait eu lieu depuis 2013. En Papouasie, des revendications indépendantistes ont entraîné des violences en 2022, bien qu’aucun acte insurrectionnel n’ait été recensé début 2025. Le rejet d’un armistice proposé par le gouvernement Subianto illustre toutefois la persistance des tensions, renforcées par la présence stratégique de la mine de Grasberg, riche en or et en cuivre.

Par ailleurs, l’importance du secteur minier alimente des risques sociaux, notamment le recours au travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement du nickel et de l’or.

Dans un contexte d’investissement local ou de partenariat d’affaires, il est essentiel de s’assurer que les exigences de conformité éthiques et légales sont respectées. Il est également important de veiller activement les indicateurs économiques et politiques locaux ainsi que les facteurs de risques géopolitiques associés à ce pays. Veille proactive et permanence des contrôles maximiseront les opportunités d’affaires et limiteront les risques associés.

Risk & Ops peut vous accompagner opérationnellement dans la gestion de ces risques. Prenez contact avec nous : contact@riskandops.fr.