Situation sécuritaire et perspectives d’investissements au Pérou

Par Risk & Ops | 19 janvier 2024 | Actualités

Le Pérou a traversé durant l’année 2023 une crise politique majeure, provocant des manifestations massives et un sentiment d’insécurité grandissant. Le pays est pourtant fort de plusieurs atouts économiques et commerciaux. Nous vous proposons de faire un point sur la situation sécuritaire de ce pays et sur les opportunités qu’il offre aux investisseurs.

Bien que le contexte politique semble en amélioration, les multiples scandales politiques ont terni la confiance de la population en son gouvernement et révélé les dysfonctionnements du système. En effet, depuis 2016, la situation politique au Pérou est marquée par le manque de consensus entre l’exécutif et le parlement, entravant la capacité du gouvernement à poursuivre ses réformes.

Le pays a ainsi connu 6 présidents en l’espace de 5 ans.

L’actuelle présidente Dina Boluarte a par ailleurs succédé à l’ancien président Petro Castillo après sa destitution puis son arrestation en décembre 2022. S’en étaient suivi des manifestations massives pour demander la tenue de nouvelles élections ainsi que des émeutes provoquées par des groupes radicaux pro-Castillo.

La Cour interaméricaine des Droits de l'homme (CIDH) a ainsi enregistré 477 manifestations et 57 morts durant ces dernières pendant la période de décembre 2022 à février 2023.

Les manifestations contre le pouvoir se faisant plus rares depuis août 2023, il semble que des accords se créés permettant potentiellement à Dina Boluarte de rester au pouvoir jusqu’aux prochaines élections de 2026.

La criminalité est également une préoccupation majeure au Pérou.

La région de VRAEM (Vallée des Rivières Apurímac, Ene y Mantaro), la principale zone de production de drogue du pays, située au centre du pays, est le théâtre d’affrontements réguliers entre narcoterroristes et militaires.

On y retrouve des restes du Sentier lumineux (Sendero Luminoso), guérilla maoïste née dans les années 1970 qui s’est muée en un mouvement narcoterroriste placée sur la liste officielle des organisations terroristes du Canada, des Etats Unis et de l’UE. Ces derniers tendent des embuscades aux forces de sécurité, et occasionnellement aux civils et se livrent à des activités criminelles. Il convient de noter que la culture de la coca, à des fins traditionnelles, est légale au Pérou, mais la commission nationale antidrogue du pays (DEVIDA) estime qu'environ 90 % de la récolte alimente le trafic de drogue.

Paradoxalement, le taux d’homicide est 2,7x inférieur à la moyenne des pays d’Amérique Latine.

Avec un PIB de 242,6 Mds de dollars en 2022, le Pérou est une économie de taille moyenne, la 6ème en Amérique latine. Selon le ministère de l’Économie, le secteur minier-métallique représente 55% des exportations du pays (35 Mds de dollars en 2022), le cuivre représentant à lui seul 31% du total. En effet, le pays possède une industrie minière importante et dynamique.

Le Pérou est le 2ème producteur mondial de cuivre et d’argent, le 6ème producteur d’or et est parmi les plus importants pour le zinc, l’étain et le plomb.

Le secteur agricole est lui aussi dynamique avec 9,8 Mds de dollars d’exportation, suivi du secteur des hydrocarbures avec 6,15 Mds de dollars et enfin le secteur de la pêche avec 4,2 Mds de dollars. Avec 20,8 Mds de dollars d’exportation en 2022, La Chine est le premier client du Pérou, concentrant 33% des exportations, suivi des États-Unis avec 14%, le Japon avec 5% et la Corée du sud avec 4%.

La France quant à elle est le 23ème client du Pérou (26ème en 2021) avec 0,56% des exportations soit 347 millions de dollars.

Parmi les produits importés par le Pérou en 2022, les matières premières et produits intermédiaires (combustibles, intrants) représentent 54,6% des importations. Les biens d’équipements (équipements de transport et matériaux de construction) représentent 25,6% des importations et enfin les biens de consommation (véhicules, vêtements) représentent 19,8% des importations. Avec 13,8 Mds de dollars, La Chine est le premier fournisseur du Pérou en 2022, concentrant 25,3% des importations suivi des États-Unis avec 24%, du Brésil avec 7%, de l’Argentine avec 5% et du Mexique avec 3%.

La France étant le 23ème fournisseur du Pérou avec 0,62% des importations soit 371 millions de dollars.

Bien que le Pérou dispose d’un secteur privé florissant, selon le Rapport de 2023 de l’OCDE il dispose d'une faible concurrence due à des de coûts excessifs de mise en conformité avec la réglementation et à la domination d'un petit nombre d'entreprises. Pour y remédier un régime général de contrôle des fusions a été introduit en 2021 et constitue une évolution importante. Un autre point qui peut freiner l’essor économique du pays est l’état de ses infrastructures de base (voies de communication, électricité, eau, santé et éducation), ces dernières font encore défaut dans beaucoup de régions côtières, montagneuses ou amazoniennes.

Enfin, le Pérou présente l'un des niveaux d'informalité les plus élevés d’Amérique Latine, et par conséquent un accès limité à la protection de l'emploi ou aux prestations de sécurité sociale.

Selon le ministère de l’Economie, le taux d’emploi informel était de 73,5% entre avril 2022 et mars 2023.

En ce qui concerne les pratiques de corruption, le Pérou est classé 101ème sur 180ème par l’Indice de perception de la corruption de Transparency International, avec un score total de 36/100. La corruption semble alors plus élevée au Pérou comparé à certains pays limitrophes tels que le Brésil, le Chili ou la Colombie.

La faiblesse de l’Etat de droit, les conflits sociaux, l’incertitude politique, les aléas météorologiques extrêmes, et un niveau élevé de corruption peuvent décourager l'investissement, le commerce et l'esprit d'entreprise.

Néanmoins, ces éléments se doivent d’être mis en balance avec l’attractivité de l’environnement des affaires et le potentiel de croissance du pays. La stratégie de développement du Pérou repose sur une économie intégrée et compétitive.

Le Pérou ne totalise pas moins de 24 accords de libres échanges, dont un avec l’Union Européenne.

Le pays est aussi membre de l’Alliance du Pacifique (Chili, Colombie, Mexique) et de la Communauté andine des Nations. Cette ouverture est précieuse pour stimuler la productivité et attirer les IDE. De plus, l’adhésion du pays à l’OCDE pourrait être un accélérateur de réformes pour le pays.

Les exportations du pays sont également en hausse, atteignant un nouveau record en 2022 (66,2 Mds de dollars). Si les exportations de minerai représentent encore la majorité des produits exportés, le Pérou cherche à se diversifier en misant sur l’agriculture ainsi que sur des produits à plus forte valeur ajoutée (industrie manufacturière notamment). De plus, le Pérou possède des fondamentaux macroéconomiques solides fondés notamment sur l’indépendance de sa banque centrale. La dette publique péruvienne est la plus basse de la région (34,3% du PIB en 2022) et le déficit budgétaire est quant à lui de 1,4% du PIB en 2022 selon le FMI.

Les ressources naturelles abondantes du Pérou constituant une opportunité d’investissement précieuse, le pays s’est doté d'une agence dédiée à la promotion des investissements.

Selon le Rapport sur l’investissement dans le monde 2022 de la CNUCED, les entrées d'IDE ont atteint 5,9 Mds de dollars en 2021, faisant du Pérou le 4ème bénéficiaire d'IDE en Amérique latine.

La France était quant à elle le 18ème investisseur du Pérou en 2021 avec un stock d’IDE de 226,4 millions de dollars, une part de marché inférieure à 1 %, loin derrière l’Allemagne, ou encore l’Espagne et l’Italie.

Dans ce contexte, il est important de noter que plus de 90 filiales françaises ou bureaux de représentation sont d’ores et déjà recensés au Pérou, employant près de 18 000 personnes.

Les mesures prises par le Pérou pour favoriser les investissements et le climat des affaires sont par ailleurs reconnues par le rapport Doing Business 2020 de la Banque Mondiale qui le classe 76ème sur 190.

Le rapport indique que le Pérou possède un score plus élevé dans chacun des indicateurs, ainsi que le score le plus élevé en ce qui concerne le transfert de propriété, par rapport à la moyenne des pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Ces efforts sont aussi démontrés par son indice de liberté économique, faisant de l’économie péruvienne la 44ème plus libre en 2023. Le Pérou est par ailleurs classé 7ème sur les 29 pays de la région des Amériques, et son score global est aussi supérieur aux moyennes mondiale et régionale. Ainsi, fort de multiples atouts, le secteur entrepreneurial péruvien est en pleine évolution.

 

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